La réutilisation des matériaux de bâtiments anciens promis à le démolition ou exposés à leur reprise quand ils furent désaffectés a été une constante de l'histoire de l'humanité. La plupart des monuments civils et religieux de l'antiquité ont subi ce sort et et leurs matériaux ont été réutilisés pour de nouvelles constructions. Le sort du Colisée, à Rome est l'exemple type d'une véritable carrière à ciel ouvert dont les hommes ne purent venir à bout. Nombre de monuments connurent le même sort bien plus près de nous, avec le démantèlement de beaucoup de biens nationaux d'abbayes, voire d'églises ou de châteaux à la Révolution. Avec la révolution industrielle vint le temps de la production de matériaux de construction et d'équipements "neufs" et la fin du "réemploi". Les choses sont en train de changer.
Les matériaux de réemploi
Regardé souvent aujourd'hui comme un acte de vandalisme le déconstruction de monuments ou édifices de valeur, cette pratique du réemploi n’était pas réprouvée autrefois et même considérée comme normal. Plus récemment, on pourrait citer l’exemple du réemploi des pierres des maisons détruites par les bombardements en Normandie qui, retaillées, recalibrés, ont permis la reconstruction de logements sociaux en un temps record. Pour le Code de l’Environnement, le réemploi désigne « toute opération par laquelle des substances / matières/produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique.». L’ADEME en a une conception plus large en définissant trois types de réemploi : « utilisation identique sans préparation, utilisation identique avec préparation ou traitement et utilisation détournée du produit ».
Les matériaux anciens de nouveau à la mode
Le réemploi des matériaux anciens, souvent issus de ruines, a d’abord concerné la restauration des maisons anciennes, avec des matériaux et équipements authentiques. Ce marché de préservation du patrimoine ne signifie pas une réduction du prix des matériaux, souvent bien au contraire, mais il participe à l’économie circulaire de ceux-ci. Il s’inscrit dans le cercle vertueux de la récupération de matériaux et de produits de qualité, évitant l’utilisation de composants soit très coûteux à reproduire ou utilisant des matériaux de synthèse peu compatibles avec la sobriété des moyens. Des négoces spécialisés, accessibles aux particuliers ou aux artisans, ont vu le jour pour satisfaire ce besoin, notamment en zones rurales, où ils favorisent de belles restaurations.
Le réemploi des matériaux récents
Il est lié à la déconstruction des bâtiments pour des raisons diverses (restructuration des quartiers, obsolescence des bâtiments, notamment des logements collectifs obsolètes, etc.) participe à éviter le gaspillage et la surcharge des filières de destruction. Des organisations se sont mise en place au niveau professionnel pour favoriser le réemploi des matériaux et réduire l’impact carbone du secteur de la construction, responsable de 70% de la production de déchets en France. On en vient depuis peu à une déconstruction sélective des bâtiments pour prolonger le cycle de vie des matériaux, grâce à de nouvelles compétences. Ainsi, les nombreuses portes en bois d’un bâtiments pourront-elle être récupérées pour fabriquer des planches qui seront réutilisées sur un autre chantier de construction pour faire des coffrages.
La réaffectation de matériaux et produits neufs
Beaucoup de matériaux sont non-utilisés sur chantiers en raison d’erreur de commande, d’imprécisions de métrés constitue une gaspillage considérable évalué entre 10 et 15% des ressources destinées à la construction. Ces matériaux et produits finissent généralement « à la benne », comme des déchets, en fin de chantier, où sont stocké dans des entrepôts où ils suivent le même chemin quand il faut « faire de la place ». Des plateformes internet ont été créer pour mettre ces matériaux et produits à la disposition des artisans, voire des particuliers, à des prix qui défie toute concurrence. Tout le monde y gagne : les utilisateurs en réduisant le coût de leurs travaux comme les organisateurs de ce commerce. Enfin, c’est autant qui ne finit pas à la déchèterie. L’existence de cette filière a conduit un certain nombre d’industriels à mettre dans ce circuit des matériaux et produits de fin de série ou sortis de commercialisation à des prix très attractifs, plutôt que de les détruire. La maison sobre y trouve son compte.
Bien sûr il faut veiller à ce que les matériaux et produits de réemploi aient des performances aussi proches que possible des neufs et conformes aux normes en vigueur. Dans certains cas, des adaptations ou compléments sont à prévoir.
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LA MAISON SOBRE
Christian PESSEY
Éditions MASSIN