La chaux est un matériau de maçonnerie utilisé depuis des temps immémoriaux : on la retrouve dans des constructions antiques à peu près partout dans le monde : à Rome, à Athènes, en Amérique précolombienne, en Chine ancienne, etc. Concurrencée un temps par le ciment, elle retrouve aujourd'hui sa place dans la construction comme matériau naturel, bien plus écologique.
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La chaux dans l'Antiquité
L'utilisation de la chaux comme "adhésif" ou "colle" pour assembler des pierres est attestée en Mésopotamie et dans le Sinaï depuis au moins 15 000 ans, comme l'attestent des vertiges de fours à chaux à peu près à la même époque. On en trouve trace en Égypte (dans la pyramide de Gizeh) et en Inde. Son utilisation semble remonter même au néolithique. Sa progression suit l'évolution de la colonisation grecque. Les Gaulois l'utilisaient avant la conquête romaine. Idéale pour assembler les briques, composantes essentielles des bâtiments romains, la chaux est consubstantielle de l'expansion de l'Empire, où elles constituent la structure des constructions, habillées de marbre ou d'enduits, eux-mêmes à la chaux. Elle permet aussi de fixer les tuiles caractéristiques de l'architecture de l'époque.
La chaux au moyen-âge
Le savoir-faire pour l'obtention de mortiers de chaux résistant semble régresser avec la décadence de l'Empire romain et les premiers siècles du moyen-âge. Il faut attendre le XIIème siècle pour retrouver une qualité de chaux qui permettra la construction de grands édifices, dont bien sûr les cathédrales, mais aussi des constructions de génie civil, fortifications, ponts, etc. C'est la grande époque du développement des fours à chaux dans les villages, en tant que "banalité" c'est-à-dire d'équipements offert à la communauté villageoise. On retrouve alors les préceptes de Vitruve, célèbre architecte romain du Ier siècle avant notre ère, qui en a fixé les règles de fabrication et d'utilisation dans son célèbre ouvrage De Architectura, repris dans les traités de construction médiévaux. Le métier de chaufournier émerge, souvent au sein même des chantiers. La chaux, comme dans l'antiquité, est utilisée aussi bien pour lier les matériaux de construction, notamment les moellons de pierre, que les tesselles des mosaïques mais aussi pour réaliser les enduits couvrant la maçonnerie ou pour servir de support aux fresques, notamment dans les édifices religieux.
L'avènement du ciment
Il faut attendre la première partie du XIXème siècle pour voir l'émergence puis l'hégémonie du ciment, dont le premier brevet est déposé en 1824 par Joseph Aspdin, dans la foulée des travaux de Louis Vicat qui fera la démonstration des possibilités de résistance du béton à base de ciment Portland. Béton banché et béton armé, mais aussi "pierres factices" en béton moulé, ancêtres des parpaings, enfin le béton précontraint vont assurer l'hégémonie du béton de ciment qui, adopté unanimement par les architectes, les constructeurs et les promoteurs, triomphe au XXème siècle jusqu'à supplanter complètement la chaux.
Le retour de la chaux
La fin du XXème siècle a vu un retour vers la restauration de constructions anciennes dans les règles de l'art, autrement dit en recourant largement à la chaux, autant à la chaux aérienne (pour les enduits intérieurs) qu'à la chaux hydraulique (pour la construction-même ou les enduits extérieurs). On redécouvre les vertus de la chaux : "respiration" de la construction, absence de dégagement de COV, caractère antibactérien, meilleur bilan carbone, car fabrication beaucoup moins énergivore, esthétique du matériau. Il n'est jusqu'au béton de chaux qui retrouve du crédit pour les ouvrages non-porteurs. La chaux est redevenue un matériau de construction à part entière, au goût du jour.