Réductions des dépenses d'énergie
C'est évidemment à la sobriété énergétique que l'on pense en premier. En pratique à la chasse aux "gaspis", selon une expression des années 1980, à une réduction des dépenses de chauffage et de rafraîchissement. Mais ce n'est pas la première fois que l'on est invités à moins gaspiller. La consigne date du lendemain des chocs pétroliers des années 1970, une époque où l'on ne craignait pas de manquer de gaz mais de pétrole, situation liée, déjà, à une dépendance énergétique quasi-totale de pays étranger, les pays du Golfe. Tout a été inventé ou mis au point à l'époque pour économiser l'énergie : isolation, double-vitrage et fenêtres isolantes, panneaux solaires thermique et photovoltaïque, éolienne (y compris domestique), chaudière polycombustibles autrement dit "hybrides" avant l'heure (gaz ou fioul et bois, car on ne parle pas à l'époque de granulés), récupérateur de chaleur (aujourd'hui peu utilisés) et bien sûr pompe à chaleur (les anciens se souviennent certainement de l'opération "Perche GTI"). Et puis on a tout oublié, du fait de l'éloignement du risque politique d'interruption des approvisionnements et du fait de la baisse du prix du pétrole (divisé par 3 dans les années 1980). Les Pouvoirs Publics ont baissé la garde, même s'ils ont développé, en France, le système des crédits d'impôt, peu lisible pour le particulier et d'un rendement assez faible en terme de résultats concrets et d'économies d'énergie. Ces dernières années, on est passé au système de primes directes, plus lisible, mais dont les résultats en terme d'efficacité énergétique restent difficiles à apprécier. On n'échappera pas à des contrôles de résultats a posteriori, en dépit de la timidité politique et des réticences de certains professionnels... Les solutions sont à peu près les mêmes que dans les années 1980, avec en prime une amélioration considérable des produits à dispositions, de nouveaux systèmes de chauffage et d'équipements beaucoup plus performants. Il suffit (sic) de les mettre en œuvre correctement et de trouver les bons leviers de promotion et d'accompagnement. L'État et les professionnels ont les clés. Le nombre de dossiers déposés montre que les particuliers sont convaincus.
Respect de l'environnement
La grande différence de situation avec les années 1980 "post-choc pétrolier" tient à la prise en compte pas l'État, mais surtout par les particuliers eux-mêmes, de la nécessité de respecter l'environnement et donc de garantir l'avenir de la planète aux jeunes générations et à celles à venir. Cet aspect moral était totalement absent des esprits autrefois. La prise de conscience de l'exigence de sobriété énergétique est aujourd'hui significative et l'on ne peut que s'en réjouir. Reste que culpabiliser les citoyens n'est pas la voie à suivre, car il faut leur donner les moyens d'appliquer ce qui ne l'a pas été pendant des dizaine d'années. Faut-il rappeler que ne pas dépasser 19° C dans les logements, les locaux tertiaire et... les locaux publiques, date de 1978? cela reste à appliquer. Le réglementations thermiques, un peu plus tard, sont apparues, mais peu lisibles par le particulier. Elles sont devenues "environnementales" avec le RE 2020, ce qui est une bonne chose, mais reste à entrer dans les faits. La gestion des déchets reste précaire dans beaucoup de municipalités, avec un ramassage des ordures 1 ou 2 fois par semaine, un tri souvent aléatoire et un ramassage des encombrants 2 fois par an. Le frein à l'utilisation des plastiques d'emballage reste timide alors qu'ils constituent une masse considérable des déchets dans nos poubelles. La mollesse des prises de positions à l'égard de certains modes de chauffage producteurs de particules fines reste du domaine des vœux pieux. Faudra-t-il là aussi en venir aux contrôles individuels, aux mesures coercitives et aux sanctions?
Construction vertueuse
Là encore, tous les modes de constructions vertueux existaient il y a une quarantaine d'années. Certains ont traîné des pieds, mais les professions du bâtiment ont joué le jeu avec le développement de matériaux comme la brique multi-alvéolaire Monomur). Sans doute encore insuffisamment, certes, compte tenu des contraintes et du réalisme économiques. La part des construction bois est restée modeste, mais les réglementation thermiques (devenues environnementale) et l'évolution des bonnes pratiques (DTU) ont fait évoluer les choses dans le bon sens. Reste à franchir encore de grands pas dans les choix constructifs et l'utilisation de matériaux vertueux (en termes de production comme de résultats et de possibilités de recyclage), la gestion raisonnées des chantiers (notamment en termes de déchets) et surtout, bien sûr, la sobriété énergétique, mais aussi la capacité et la possibilité d'autoconsommation d'énergies renouvelables produites au niveau même des habitations individuelles. la géothermie, en particulier, reste à développer, au même titre que le solaire, notamment photovoltaïque. La maison connectée est une étape essentielle dans la recherche de cette sobriété. On redécouvre la "domotique", gros-mots pour beaucoup, qui ne veulent plus en entendre parler et lui préfèrent celui de "connexion". Soit. reste que ces systèmes "intelligents" restent souvent trop complexes, trop globaux dans la maison et peu accessibles aux "boomeurs" et aux plus âgés qui sont pourtant les plus gros consommateurs d'énergie. De gros efforts de vulgarisation et de pédagogie, voire de formation restent à faire, plutôt qu'une course à la sophistication et au spectaculaire, voire à l'ancdotique. La maison vertueuse et sobre est celle qui utilise des matériaux qui le sont aussi (et pas seulement biosourcés), qui tient compte des gains environnementaux exploitables facilement (orientation, taille et disposition de ouvertures, exposition aux intempéries, ombrages et végétation environnante, ventilation naturelle, etc.). Il s'agit de placer le bien-être des familles au centre des projets constructifs sans préjudice pour la consommation énergétique. C'est à ce prix que la maison deviendra sobre.
Photo : équipement DE DIETRICH