Les terrasses-jardins sont presque aussi anciennes que les palais des rois ! Il suffit de se remémorer les fameux Jardins de Babylone ou bien les jardins suspendus que les princes italiens se faisaient construire au sommet de leur palais. Ces réalisations, qui ont donc largement précédé les toitures-terrasses dites « végétalisées » (nous allons y revenir) apportent les mêmes services écosystémiques que ces dernières mais souvent à de meilleurs niveaux compte tenu de leur forte épaisseur de support de culture permettant une meilleure rétention d’eau pluviale, une évapotranspiration optimale et une biodiversité plus grande. Accessibles par définition, elles offrent en outre la possibilité aux usagers d’en profiter, que ce soit pour se détendre ou pour y exercer, par exemple, des activités de jardinage.
Toitures végétalisées et toitures jardin : des familles différentes
Les toitures jardins et les toitures végétalisées se ressemblent par de nombreux aspects et notamment leur constitution générale :
- revêtement d’étanchéité traité anti-racine ;
- couche de drainage ;
- couche de filtration ;
- couche de culture ;
- couche végétale.
Mais bien que souvent perçues comme « quasiment » identiques, les toitures jardins et les toitures végétalisées constituent deux familles bien distinctes dans les Règles de l’Art de la construction. Depuis les années 1990, on a pris l’habitude en France, comme à l’étranger, de dissocier :
- la toiture dite « jardin », avec sa végétation intensive, permettant des aménagements paysagés en toiture très ambitieux ;
- la toiture dite « végétalisée », avec sa végétation plus légère. Chez nous, cette famille est subdivisée en végétalisation extensive et semi-intensive, qui correspondent à des typologies de végétaux différents.
Si l’antériorité des toitures jardins leur a permis d’intégrer les NF DTU 43.1 (Documents Techniques Unifiés fixant les bonnes pratiques en la matière) sur éléments porteurs béton (voir ci-après), les toitures végétalisées « légères » sont plus récentes sur le marché français. Leurs spécificités, qui ne leur permettaient pas d’être intégrées dans les NF DTU existants, ont été traitées par les RP TTV (règles professionnelles pour la conception et la réalisation des toitures terrasses végétalisées).
Principales différences techniques entre le DTU et les RP TTV
Si toitures jardins et les toitures végétalisées ont de nombreux points communs, elles se distinguent par plusieurs aspects techniques :
- l’accessibilité de la toiture : la forte épaisseur du complexe végétal protège le complexe d’étanchéité sous-jacent de l’exploitation de la terrasse. Ainsi, contrairement aux toitures végétalisées relevant des RP TTV qui sont classées en « toiture inaccessible », les toitures jardins constituent des ouvrages accessibles au public, ce qui permet une exploitation bien agréable en zone urbaine ;
- la nature de couche de culture : traditionnellement, la couche de culture des toitures jardin est constituée de terre végétale, alors que des substrats légers assurent le développement végétal des toitures végétalisées. Mais les contraintes de charges induites par la terre orientent progressivement les concepteurs à envisager l’emploi de « terres allégées » en toitures jardin, combinant terre et éléments allégeant ;
- les types de végétaux : la couche de culture des toitures jardin, d’épaisseur minimum 30 cm, permet la plantation de diverses strates végétales, pouvant aller jusqu’à l’intégration d’arbres.
Les familles végétales compatibles avec les épaisseurs de substrats des toitures végétalisées sont différentes.
- Les charges induites : la nature et l’épaisseur des couches de culture et de végétaux des toitures jardins induisent inévitablement des charges bien supérieures à celle des toitures végétalisées, ce qui n’est pas sans conséquence sur la constitution de la construction sous-jacente, et notamment la nature des éléments porteurs compatibles.
La nature des éléments porteurs compatibles : compte tenu de leur constitution et des charges induites, les toitures jardins ne peuvent se concevoir que sur des éléments porteurs en béton. Ce n’est pas le cas des toitures végétalisées, qui de par leur poids propre plus contraint, peuvent également être implantées sur des éléments porteurs en tôles d’acier nervurées ou en bois.
Les DTU considérés peuvent être achtés et téléchargés sur la boutique du CSTB
Ceci est un article inspiré de l'Echo de la végétalisation de l’îlot bâti et des infrastructures (Avidet)
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